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30 juillet 2016 à 03:21

Joue-la comme Ilaimaharitra

À 8 ans, le ballon rond était le cadet de ses soucis. Un quadruplé en match amical et dix ans de foot plus tard, le Mulhousien Marco Ilaimaharitra joue en Ligue 1 avec Sochaux et compte cinq sélections en équipe de France U19. Une trajectoire limpide, le résultat d’une formation réussie. Rencontre.

Sur son maillot jaune et bleu du FC Sochaux-Montbéliard, seul le numéro 33 a été floqué. Pour l’instant. Marco y lira son nom de famille un peu plus tard, la saison prochaine sans doute, lorsque son premier contrat de footballeur professionnel, signé il y a un mois, prendra effet. Mais n’hésitez pas à l’apprendre dès maintenant, ça pourrait servir : Ilaimaharitra. Prononcez « I-lé-ma-ha-ri-tra ».

75 % Malgache, 25 % Réunionnais, 100 % Mulhousien, Marco Ilaimaharitra incarne à 18 ans l’avenir du football français. « Mais il a fallu du temps pour qu’il s’y intéresse ! » , rigole son frangin Roberto, de douze ans son aîné, ancien gardien de but du Pfastatt Futsal. « Moi, quand j’étais petit, c’était plutôt le basket, et encore…, confirme le petit frère, yeux perçants, boucles d’oreille et barbichette naissante. J’étais très excité durant la journée, je courrais partout pour me défouler, mais rien ne me passionnait vraiment, sûrement pas le foot. » Il acceptera de taper du pied dans le ballon sous l’insistance d’un oncle. Nous sommes en août 2003, et Marco vient de prendre sa première licence à l’AS Coteaux Mulhouse.

Je ne comprenais rien au jeu, je m’en fichais

Sur la pelouse du Stade Barina, à deux pas de la barre HLM et de l’école Henri Matisse qui l’ont vu grandir, le petit Ilaimaharitra, 8 ans, se retrouve bien malgré lui au centre des attentions lors d’un banal match amical remporté 5-4 contre le FC Mulhouse. Placé en défense centrale, le garçonnet inscrit quatre buts, ne manifestant pas la moindre joie, discutant le plus souvent avec les copains derrière la main courante et faisant la roue au beau milieu du rectangle vert, par ennui. « Je ne comprenais rien au jeu, je m’en fichais ». Mais le « mal » est fait : comme Marco n’a pas choisi le foot, le foot va le choisir. Les dirigeants du FCM en tout cas, qui vont l’attirer au stade de l’Ill dès le mois de janvier suivant.

Pendant quatre ans, l’élève en « sport-études » au collège de Brunstatt répète les gammes. Mais le cœur n’y est pas encore vraiment. « Au FC Mulhouse, je jouais milieu offensif. On me disait que j’étais fort, mais ça rentrait par une oreille et ça ressortait par l’autre. Puis une lettre est arrivée. Sochaux voulait me voir à l’essai. » Eugène Battmann, le recruteur alsacien du FCSM, est passé par là. Le destin du collégien, pas spécialement fasciné non plus par l’école, bascule définitivement.

Également contacté par Strasbourg et Auxerre, Marco choisit le centre de formation sochalien, réputé plus familial et, surtout, plus proche géographiquement. « Le fait de partir m’a énormément rapproché de ma famille » , explique Marco aujourd’hui. À Seloncourt, il opte d’ailleurs les trois premières années pour une famille d’accueil plutôt qu’une des chambres du centre, « où les tentations sont nombreuses ». « Il n’est jamais trop tôt pour se comporter en pro, précise l’international français (cinq sélections en U19). Il faut se forcer à dormir tôt, manger sain, boire beaucoup d’eau, bien récupérer. Quand on est au centre, on n’y pense pas trop. Quand on est jeune, on croit que tout va bien se passer. »

Mesut Özil et Thiago Motta pour modèles

Si tout s’est si bien passé pour lui jusqu’à présent, c’est en partie grâce à son tout premier formateur à Sochaux, l’Alsacien Jean-Claude Hagenbach, avec qui il va énormément progresser techniquement. Le natif de Cernay l’a notamment replacé au poste de milieu défensif, celui qu’il occupe actuellement chez les pros.

Doté d’une énorme endurance, Marco Ilaimaharitra court « beaucoup pour les autres ». Un sens du collectif développé au sein de la maison jaune et bleue, qui invite ses jeunes pousses à prendre « exemple sur le FC Barcelone ». « La philosophie sochalienne, c’est passes courtes et une ou deux touches de balle », indique ce fan de Mesut Özil ( « pour la sérénité balle au pied » ) et Thiago Motta ( « qui ne fait quasiment jamais d’erreur technique » ). « À Sochaux, on n’aime pas trop les grands dribbleurs, plutôt ceux qui ont du ballon. Ça me correspond bien. Je ne suis pas le plus mauvais techniquement, j’anticipe beaucoup, je vais vers l’avant. » Bref, « il joue simple, il est d’une maturité exceptionnelle pour son âge » , fait justement remarquer son frère Roberto, devenu progressivement son mentor.

J’espère aller loin, assez en tout cas pour sortir ma famille des Coteaux

Cette tête froide posée sur un tronc solide semble le destiner à un avenir radieux. Lui n’aime pas trop en parler. Tout juste concède-t-il s’être senti « très, très fier » quand Bernard Maraval, en charge de la cellule recrutement du FCSM, est venu lui proposer son premier contrat pro il y a quelques mois. « J’espère faire mes preuves et aller loin, assez en tout cas pour sortir ma famille des Coteaux. Donner une belle image de moi aussi. » Pourquoi pas un jour sous un maillot couleur meringue, quelque part en Espagne, où joue le dernier Ballon d’Or par exemple… On a bien dit par exemple.

Mais ceci n’est qu’un objectif. Des rêves ? Il jure qu’il n’en a pas, pas plus qu’il n’en avait étant gamin. « Mais le maintien de Sochaux en Ligue 1, j’y crois, on y croit tous, affirme Marco Ilaimaharitra, d’un naturel pourtant si réservé. Sinon, autant arrêter de jouer. On est 19e à huit points du premier non-relégable, mais il reste sept matches. Tout est possible. » Il est bien devenu footballeur professionnel, non ?

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